J’étais récemment invitée par le Sommet jeunesse des Y à co-animer un atelier au sujet passionnant : Comment nourrir la planète sans la détruire ? J’ai promis aux participants de leur donner mes notes et quelques pistes pour poursuivre leur réflexion. Je partage le tout ici:
- On peut pas dissocier le problème de faim dans le monde de l’évolution de la population. La population mondiale a doublé durant les 45 dernières années. Si le taux d’accroissement actuel de 1,3% par année persiste, la population doublera encore en seulement 50 ans.
- Le défi ? nourrir de plus en plus d’humains avec des ressources limitées et déjà utilisées à leur pleine capacité.
- Norman Borlaug est père de la Révolution verte. En partant du principe qu’en augmentation de la productivité agricole à l’hectare permet de réduire les surfaces cultivées, il amène dans les années 60 les techniques industrielles dans les pays en voie de développement: céréales à haut rendement, monocultures, engrais chimiques, pesticides, irrigation, mécanisation, etc. Grâce à lui, la production mondiale de céréales a triplé entre 1960 et 1990 (outrepassant la population) avec seulement 1% de terres en plus. Borlaug serait l’Homme qui a sauvé le plus de vies dans l’histoire de l’humanité et a reçu Prix Nobel de la Paix. Son portrait est ici.
- Cette croissance de la productivité ne se fait pas sans conséquences sur l’environnement et la vie des travailleurs agricoles. Vandana Shiva, philosophe et écologiste indienne prône «l’agroécologie», une agriculture qui ne détruit pas les sols et les ressources en eau, qui maintient l’intégrité des écosystèmes. On peut la voir dans cette présentation TED.
- Pour Jean Ziegler, ancien rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, l’agriculture mondiale pourrait nourrir 12 miliards d’être humains. Le problème ? Les vols de terres et spéculations boursières sur les aliments de base. Il a écrit cette lettre dans Le Monde Diplomatique. Je vous recommande aussi chaudement son livre, Destruction massive : Géopolitique de la faim.
- En théorie, toute la nourriture gaspillée aux USA pourrait nourrir le milliard de personnes sous-alimentées sur la terre. Le britannique Tristram Stuart nous apprend que c’est 30% de la nourriture qui est produite qui sera jetée.
- Produire de la viande est une utilisation inefficace des ressources limitée de la terre. Réduire drastiquement notre consommation de viande semble inévitable.
- Le philosophe Peter Singer nous rappelle que si les 855 millions d’individus «riches» de la planète (un salaire de plus de 27 500 $ par année) donnaient 200 $ chacun, la lutte contre l’extrême pauvreté pourrait être gagnée. La charité n’est pas un geste moralement optionnel, mais un devoir éthique.
- L’historien James McWilliams sera à Montréal le 26 septembre prochain pour discuter des limites de l’élevage à petite échelle. Détails ici.
